mercredi 19 novembre 2014

LE LIVRE D' ALAIN VIRCONDELET

Résumé:
"Que les pieds-noirs aillent se réadapter ailleurs" déclare Gaston Defferre, sénateur-maire de Marseille à Paris-Presse l'Intransigeant, le 26 juillet 1962.
L'histoire s'achève pour eux quand, accoudés au bastingage du paquebot ou les yeux collés aux hublots de l'avion, ils voient s'effacer leur ville. Un dernier regard jeté à la colline de Santa Cruz, à cette baie d'Alger et puis l'étendue de la mer ou du ciel. L'exil commence là, dans cette absence de repères, dans cet inconnu vers lequel ils se dirigent.
J'ai 16 ans et je me souviens de tout, de la beauté d'Alger dans le petit matin de juin, du silence gêné des Algériens que l'on croise sur le quai des Messageries Maritimes, des gens qui pleurent, des enfants qui ont emporté avec eux leurs cages d'oiseaux, des vieilles femmes dans des chaises roulantes, de ces valises achetées en hâte sur les trottoirs de la ville, et dans lesquelles on a fourré le minimum. On ne connaît rien de la France, on sait seulement qu'il y fait plus froid que chez nous.
On part pour la France parce qu'on est Français, et que l'on se sent plus Français que les Français, mais on sait aussi que la France ne nous aime pas, ni à gauche ni à droite. Le cliché du pied-noir nabab roulant en Cadillac, comme le dit Camus, a la peau dure. Il est faux comme tous les clichés mais il reste ancré dans l'inconscient collectif des métropolitains.

La vérité est tout autre: on revient en France comme nos ancêtres, après la conquête, sont arrivés en Algérie: sans fortune, utopistes et courageux, croyant naïvement aux "bienfaits de la civilisation". Mais cette fois-ci, le voyage est funeste et douloureux: on est les vaincus de l'Histoire. Sur le pont des paquebots, en pleine mer, les hommes la refont. Ils essaient de comprendre l'engrenage de la haine, les pièges de la violence tendus par la rébellion, les promesses et les trahisons, l'impossible réconciliation, mais aussi l'impensable idée de partir de cette terre occupée par leurs aïeux depuis plus de 5 générations.
L'auteur en image: Cliquez sur ----->   http://www.youtube.com/watch?v=SM-s9v2qrAA

4 commentaires:

chantal lotigie a dit…

Superbe récit où chacun de nous, de là bas commme on dit, s'identifiera!! Bouleversant de vérité "l'inconsolable sentiment de déracinement qui nous accompage depuis lors" mais qui nous unis, bien qu'éparpillés de par le monde!.

Anonyme a dit…

Si, comme l'écrit Mr Vircondelet Mr G.Defferre a dit en 1962 que nous devions aller nous réadapter ailleurs (c.a.d dans un autre pays que la France)c'est tout simplement qu'il avait oublié un passage (1830)important de l'Histoire de la France
Je dirai, sans aller "profond" que nous n'avons pas été accueillis avec des fleurs, nous venions comme des cheveux dans la soupe ! Seuls quelques Français ont compris notre désarroi et nous ont tendu la main. Qu'ils en soient encore remerciés.
Si le terme "réadapter" a bien été employé par Mr Defferre, cela
tendrait à démontrer dans son esprit que le "niveau" auquel nous étions supposés nous trouver ne nous permettait pas d'être intégrés aux Français!On pourrait aller plus loin sur le sens des propos de Mr Defferre.
Le déracinement et les souffrances qui ont suivis (et qui nous lient à jamais) ne nous ont pas empêchés de continuer à avancer dans cette vie que nous n'avions pas choisie.

Anonyme a dit…

Pour comprendre "l'engrenage de la haine' il suffit de reprendre l'histoire dès le début et de rester "attentif" tout au long de son déroulement.

Anonyme a dit…

J'aimerais que parmi ceux qui nous lisent que quelqu'un prenne la peine de m'expliquer cette partie du texte:
" La vérité est tout autre.....(jusqu'à) ...vaincus de l'Histoire "
Merci